Objectifs

Les problèmes soulevés par la transmission des maladies virales entre soignant et  soigné (ou dans l'autre sens, des personnes soignées vers le personnel soignant) sont rares. Elles ont cependant une résonance particulière, notamment en raison de deux caractéristiques:

1.    une grande charge émotionnelle (inquiétude des malades   et des soignants, drame humain)

2.    une réelle complexité technique

Ce dossier a pour objectifs d'aider à mieux comprendre la réalité des problèmes et de faire connaître les données épidémiologiques actuellement disponibles. Sa rédaction vise à aborder de façon générale la question de la contamination virale entre  soignant et  soigné. Il n'entend pas suivre exactement l'actualité de toutes les contaminations. Chacune évolue en fonction de résultats d'enquêtes ou de décisions de santé publique d'échelle locale ou régionale.

 Ce dossier traite du problème des virus des hépatites B et C (VHB et VHC) et du virus VIH/sida

            Ne pas confondre

La contamination de soignant à soigné

La contamination de soigné à soignant

Quelques explications concernant les virus de l'hépatite B et C et du VIH/sida

Qu'est-ce que le rappel de patients ?

Pour en savoir plus

Ne pas confondre

 La contamination virale entre  soignant et soigné désigne le passage d'un virus d'un individu à l'autre :

·       soit du soigné vers le soignant (exemple d'un patient porteur du virus de l'hépatite B qui transmet son virus lors d'un acte de soin avec contact de sang).

·       soit du soignant vers le soigné (exemple d'un chirurgien porteur d'un virus qui infecte son malade)

Ce problème ne doit pas être confondu avec d'autres modes de contamination, par exemple :

·       la contamination du VIH/sida (ou des hépatites) par les transfusions sanguines

·       l'ensemble de la question des infections nosocomiales, c'est-à-dire des infections acquises lors d'un séjour dans un établissement de soins qui peuvent relever de nombreuses causes autres que la contamination entre personnel soignant et personnes soignées (cet aspect est développé dans un autre dossier consultable sur notre site).

·       la transmission par voie sexuelle (VHB, VIH/sida).

 

La contamination de soigné à soignant

soigné

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soignant

La contamination virale d'un soigné vers un soignant est la transmission d'un virus provenant d'un malade vers un professionnel de santé. Par exemple, lorsqu'un infirmier se pique involontairement avec une aiguille contaminée par le virus du VIH/sida.

Est-ce fréquent ?

La contamination du personnel de santé au contact des malades n'est pas exceptionnelle, contrairement à la situation inverse (c'est-à-dire du personnel soignant vers le patient). Différents rapports ou articles donnent des précisions chiffrées.

Un article du Bulletin Epidémiologique Annuel fait état au total de 42 cas d'infections VIH professionnelles chez le personnel de santé recensées en France depuis le début de l'épidémie (13 cas documentés et 29 présumés). Ces cas concernent principalement les infirmiers
(1 cas en 1994, 0 cas en 1995, 2 cas en 1996, 1 cas en 1997).

Rappelons ici l'importance de la prévention et du traitement précoce. 

Sources :
DGS
8, ave de Ségur
75007 Paris

Institut de Veille Sanitaire
12, rue du Val d'Osne
94415 Saint Maurice Cedex

Rédaction : 30/03/1999

La contamination de soignant à soigné

soignant

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soigné

 La contamination virale entre les soignants et les soignés est la transmission d'un virus provenant d'un professionnel de santé, qui en est porteur, vers un soigné (exemple : le dentiste américain porteur d'un virus qui infecta involontairement des patients).

VIH/sida : un événement exceptionnel

La contamination d'un soignant vers le soigné est une éventualité exceptionnelle. Selon le rapport du GERES, le risque de transmission du VHB, du VHC ou du VIH d'un chirurgien à son patient se situe à l'échelle de quelques cas pour 1 million d'actes. Iil est environ 1000 fois inférieur au risque lié à l'anesthésie (GERES, mai 1997.

Concernant le Sida, jusqu'ici, la littérature médicale n'a documenté dans le monde que deux cas de transmission du virus VIH/sida d'un soignant vers le soigné.

- Un cas français : un chirurgien orthopédique porteur du virus du Sida (VIH/sida) a peut-être transmis son virus à un patient. Entre 1983 et 1993 il a opéré 3004 patients. Il a été possible d'effectuer un contrôle sérologique (recherche de virus dans le sang) chez 1218 d'entre eux. 983 ont été réellement testés : une seule personne s'est révélée séropositive.

 - Un cas aux Etats-Unis (Floride) : un dentiste porteur du virus VIH/sida a probablement transmis le virus à six patients.

VHC :

Pour le virus de l'hépatite C (VHC) deux épisodes de transmission de chirurgiens à des patients opérés ont été décrits. L'un concerne un chirurgien cardiaque espagnol qui aurait contaminé cinq patients. L'autre épisode concerne la contamination d'un patient par un chirurgien anglais.

VHB :

Pour le virus de l'hépatite B (VHB), au niveau mondial 42 épisodes concernant 375 patients ont été recensés en 1972 et 1994. Il s'agissait de chirurgiens ou de dentistes dans 9 cas sur 10.

 

Rédaction : DGS
8, ave de Ségur
75007 Paris
30 mars 1999

Sources :

·       Florence Lot et al. Probable Transmission of HIV from an Orthopedic Surgeon to a Patient in France. Ann Intern Med 1999; 130:1-6.

·       Ciesielski C., Marianos D., Ou C.Y, Dambaugh R., Witte J., Berkelman R. et al.: transmission of human immunodeficiency virus in a dental practice. Ann Intern Med 1992;116:798-805.

·       D.M. Bell. N. Craig, C.A. Ciesielski and M.E. Chamberland: Preventive bloodborne pathogen transmission from health-care workers to patient, the CDC perspective. Surgical clinics of North America, 1995;5:1189-1203.

Quelques explications concernant les virus de l'hépatite B et C et du VIH/sida

 Nous rappelons ici quelques notions élémentaires sur les virus de l'hépatite B et C et du VIH/sida. Ces informations succinctes peuvent être complétées par d'autres dossiers présents sur ce site Internet (voir notamment les dossiers sida et vaccins)

Mode de transmission

Résistance du virus

Prévalence

Prévention (vaccins et précautions standard)

Modes de transmission

 Les contaminations entre  soignant et soigné s'expliquent par le fait que les virus de l'hépatite B (VHB), C (VHC) et du VIH/sida peuvent se transmettre par piqûre avec du matériel souillé (aiguille de seringue par exemple), ou exceptionnellement par contact avec une plaie sanglante (lorsqu'un geste de soin met en contact le sang d'un patient avec celui d'un soignant. Les risques de transmission diffèrent beaucoup suivant la nature du soin).

Ces aspects ne doivent pas faire oublier que le VHB et le VIH/sida se transmettent également par voie sexuelle, qui reste actuellement le mode de contamination majoritaire. En l'état actuel de nos connaissances, il n'est pas certain que le VHC soit sexuellement transmissible. Signalons enfin que la contamination des virus par transfusion sanguine est devenue exceptionnelle (depuis 1985 pour le VIH/sida, depuis 1988 pour le VHB et 1990 pour le VHC).

Résistance du virus

Les virus peuvent être détruits par la chaleur et/ou par certains produits désinfectants. Le virus de l'hépatite B est le plus résistant des trois.

Prévalence dans la population française

 VHB : en France, on estime que 100 000 personnes seraient porteur chronique du virus de l'hépatite B (porteur chronique de l'antigène HBS), soit 0,17 % de la population générale.

 VHC : En 1998, on estime que la prévalence de l'hépatite C est de 1 % (en d'autres termes, si l'on dépiste au hasard 10 000 personnes en France, on peut s'attendre à retrouver 100 sujets séropositifs pour le VHC).

 VIH/sida : on compte actuellement 120 000 personnes contaminées par le virus VIH/sida. Le nombre de personnes découvertes séropositives chaque année est stable en France. Il est environ de 5000 personnes en 1997, dont 70 % sont des hommes (source : Réseau National de Santé Publique. Journées du 1er décembre 1998).

 Prévention

Le vaccin contre l'hépatite B

La vaccination contre l'hépatite B est obligatoire pour les professions de santé. Elle est également recommandée au niveau de la population (voir notre dossier "vaccins" consultable sur ce site Internet).

A la date de mars 1999, il n'existe aucun vaccin contre le Sida et l'hépatite C.

La prévention des gestes accidentels ("précautions standard")

Les précautions standard ont remplacé les " précautions universelles " qui prenaient incomplètement en compte le risque de transmission soigné - soigné et soignant - soigné. Des mesures de base doivent être prises pour tous les patients, dans tous les services, y compris dans les laboratoires. Ces " précautions standards ", listées dans la circulaire DGS/DH n°98/249 du 20 avril 1998, sont les suivantes:

·       Porter des gants pour tout risque de contact avec un liquide biologique contaminant, une lésion cutanée, des muqueuses, du matériel souillé; porter des gants systématiquement si l'on est soi-même porteur de lésions cutanées ; 

·       protéger toute plaie ;

·       se laver les mains immédiatement en cas de contact avec des liquides potentiellement contaminants et systématiquement après tout soin;

·       se laver et /ou se désinfecter les mains après le retrait des gants, entre deux patients, deux activités ;

·       porter un masque, des lunettes, une surblouse lorsqu'il y a un risque de projection (aspirations trachéo-bronchiques, endoscopies, chirurgie… ) ; 

·       faire attention lors de toute manipulation d'instruments pointus ou tranchants potentiellement contaminés; 

·       ne jamais plier ou recapuchonner les aiguilles; ne pas dégager les aiguilles de seringues ou des systèmes de prélèvement sous vide à la main ;

·       jeter immédiatement les aiguilles et autres instruments piquants ou coupants dans un conteneur spécial imperforable ; 

·       décontaminer immédiatement les instruments utilisés et les surfaces souillées par du sang ou un autre liquide biologique avec de l'eau de Javel fraîchement diluée à 10 %, ou un autre désinfectant efficace ; 

·       vérifier que le matériel a subi une procédure d'entretien (stérilisation ou désinfection) appropriée avant d'être réutilisé ;

·       placer les matériels à utiliser dans des emballages étanches marqués d'un signe distinctif ;

·       en laboratoire, les précautions déjà citées doivent être prises systématiquement par tous les prélèvements (l'identification de prélèvements " à risque " est une mesure qui peut être dangereuse, car apportant une fausse sécurité); ceux-ci doivent être transportés dans des tubes ou flacons hermétiques, sous emballage étanche; il est interdit de pipeter " à la bouche ".

Qui dit prévention dit avant tout analyse du risque et organisation. Enfin, tout soignant doit être correctement vacciné contre l'hépatite B (loi n°91-73 du 18 janvier 1991)

 

Que faire en cas de piqûre accidentelle exposant à un risque de contamination par le VIH/sida ?

Nous donnons ici quelques conseils extraits d'un dépliant publié par le Ministère de la Santé intitulé : "Infection par le VIH, où en êtes vous ?" (édition de janvier 1999). Dans le cadre de ce dossier sur les transmissions virales entre  soignant et soigné, le risque provient le plus souvent d'une blessure avec un objet souillé du sang d'une autre personne infectée (exemple : infirmière se piquant en recapuchonnant une aiguille. Ce geste doit être proscrit (précautions standard).

 Dans les heures précédentes vous venez d'être exposé(e) à un risque :

Consultez un médecin dans les heures qui suivent la situation à risque, en évitant de dépasser un délai de 48 heures : service des urgences de l'hôpital, médecin de la consultation de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) la plus proche ou votre médecin.

Aucun test ne peut encore, à ce moment, détecter une éventuelle présence du virus. Le médecin peut, cependant, selon l'évaluation du risque qu'il fera avec vous, prescrire un traitement qui peut empêcher l'infection (multithérapie pendant 4 semaines).

Il recherchera avec vous le risque de contamination encouru.

 Le médecin vous suivra jusqu'au moment où il sera possible d'avoir la certitude que vous êtes ou non atteint(e) par le VIH. Si la contamination n'a pas pu être évitée par le traitement, le médecin vous proposera une prise en charge appropriée.

 Ces mesures sont notamment détaillées dans deux circulaires (voir notre rubrique "Pour en savoir plus").

Source :DGS
8 ave de Ségur
75007 Paris

Rédaction : 30/03/1999

Qu'est-ce que le rappel de patients ?

Dans le cadre de ce dossier, on entend par rappel de patients la recherche de personnes susceptibles d'avoir été exposées à un risque de contamination (exemple : recherche de personnes ayant subi une intervention chirurgicale dans un lieu donné, où il existe une suspicion de contamination). Une procédure de rappel s'adresse donc à un nombre limité de personnes sur une période de temps donnée.

Cette procédure découle de l'application du principe de précaution par les autorités sanitaires. Elle vise principalement à permettre une prise en charge des personnes atteintes, évaluer les risques et améliorer la protection des personnes.

Comment le rappel est-il organisé ?

En pratique, sur décision des autorités sanitaires, un établissement de soins invite toutes les personnes concernées par un risque de contamination (dans un endroit donné à une période donnée) à se faire pratiquer les tests nécessaires. En règle générale, les analyses biologiques demandées ("prises de sang") peuvent être pratiquées dans l'établissement concerné, dans une consultation de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) ou dans n'importe quel laboratoire (sur prescription du médecin traitant).

 Quel est l'intérêt pour les personnes d'être dépistées ?

Dans une situation de doute, même minime, le dépistage des maladies virales présente des avantages, en l'absence de tout trouble   :

·       si le résultat ne retrouve pas d'infection virale évolutive, la personne peut être rassurée

·       si le résultat montre la présence d'une infection virale évolutive, le médecin établit un bilan plus complet pour conseiller une thérapeutique (le cas échéant) et/ou recommander une attitude préventive particulière.

La découverte d'un résultat positif (présence d'une infection virale évolutive) dans le cadre d'une procédure de rappel ne signifie pas qu'il y a une relation de cause à effet entre l'infection et son origine éventuelle. Par exemple, la fréquence "naturelle" du virus de l'hépatite C est bien plus importante que le nombre de contaminations accidentelles soignants-soignés (ou soignés-soignants). C'est une des difficultés des démarches des procédures de rappel qu'il faut bien comprendre.

Pour établir une relation de cause à effet entre l'infection nouvellement dépistée et la possibilité d'une contamination accidentelle, des analyses complémentaires sont nécessaires, avec l'autorisation des personnes concernées. Elles comprennent notamment une étude des caractéristiques virales (appelée génotypage).

Source : DGS
8, ave de Ségur
75007 PARIS

Rédaction : 30 mars 1999